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MIGENNESAGAUCHE 89400
18 octobre 2007

Guy Môquet, une enfance fusillée par Guy Lavrat

GM_quet

A propos de la dernière lettre d’adieu de Guy Môquet, que le chef de l’Etat a demandé de lire dans les écoles le 22 octobre, Emmanuelle Chapon , dans son courrier du 4 octobre, pose de bonnes questions : «… tout le contexte est passé sous silence…pas un mot sur qui étaient ces résistants…pas un mot sur le rôle de l’Etat français qui les a livrés au régime nazi, sans aucune vergogne ni aucune conscience patriotique… ». 

Raymond Aubrac écrivait récemment qu’il fallait expliquer le parcours de Guy Môquet. Celui-ci était le fils de Prosper Môquet, un cheminot communiste élu député du 17ème en 1936 (puis député de l’Yonne de 1946 à 1951). Il était emprisonné par Vichy, au bagne de Maison-Carrée, en Algérie quand Guy fut arrêté par la police française, le 13 octobre 1940, à la gare de l’Est. Agé de 16 ans, il était le responsable clandestin des Jeunesses Communistes dans le secteur est de la capitale. Interné à la Santé , puis à Fresnes, à Clairvaux et à Châteaubriant, il fut livré aux Allemands en 1941et fusillé comme otage le 22 octobre de la même année. Il avait été désigné par le ministre de l’Intérieur de Pétain, le sinistre Pucheu, une des têtes pensantes de la droite et du patronat avant-guerre.
On comprend que des professeurs s’interrogent sur les dérives d’une instrumentalisation de l’histoire et d’une opération de récupération du Chef de l’Etat. Effectivement, entendre l’éloge de Guy Môquet par un politicien qui a construit sa victoire électorale en absorbant des thématiques du Front National et de
Vichy, voilà qui laisse un goût d’amertume. Car ce n’est pas sur ces « valeurs » que Guy Môquet a lutté. Ici, les repères sont brouillés. L’engagement de Guy prenait racine dans un double combat, indissociable, d’émancipation humaine et de résistance. Donc, reconnaissance nationale, oui ! Captation d’héritage, non !.

Il faut rendre hommage à Guy Môquet. Il me semble qu’il y a un travail et un devoir de mémoire à faire ce jour-là, non seulement dans les écoles, mais ici dans une rue ou une place qui porte le nom du jeune martyr, là sur un monument au morts ou une stèle. 

                                                                 Guy Lavrat  Migennes 

La lettre de Guy Môquet

Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,

Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c’est d’être courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi.

Certes, j’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. Je n’ai pas eu le temps d’embrasser Jean. J’ai embrassé mes deux frères Roger et Rino . Quant au véritable je ne peux le faire hélas !

J’espère que toutes mes affaires te seront renvoyées, elles pourront servir à Serge, qui je l’escompte sera fier de les porter un jour.

À toi petit papa, si je t’ai fait ainsi qu’à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j’ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m’as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j’aime beaucoup. Qu’il étudie bien pour être plus tard un homme.

17 ans 1/2, ma vie a été courte ! Je n’ai aucun regret, si ce n’est de vous quitter tous.

Je vais mourir avec Tintin, Michels.

Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c’est d’être courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d’enfant.

Courage ! Votre Guy qui vous aime.

Guy.

Dernière pensée : Vous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir.

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