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MIGENNESAGAUCHE 89400
24 mai 2007

Berlusarkoni

Faute de rejoindre l'Elysée, le directeur de campagne adjoint du candidat à la présidentielle devient directeur général adjoint de la chaîne privée. Laurent Solly muté par son ami Sarkozy à TF1

En attendant le «texte sur l'éthique et la moralisation» annoncé par Nicolas Sarkozy ¬ cette loi qui va, a précisé le chef de l'état, «rendre illégale la pratique des golden parachutes» ¬ , regardez là-haut dans le ciel cet homme qui descend doucement et se pose comme une fleur sur le toit de TF1 : c'est Laurent Solly, golden parachuté directeur général adjoint de la Une... Laurent Solly, 37 ans, qui, jusqu'au 6 mai, était le directeur de campagne adjoint d'un certain Nicolas Sarkozy. L'embauche de Solly a été officialisée hier par le groupe Bouygues. Ah non, pardon, c'est l'Elysée qui, par la voix de Franck Louvrier, chargé en communication du Président, l'a annoncé lundi à Libération : «Dans la première quinzaine de juin, il sera DG adjoint de TF1.» Une nomination dans une entreprise privée annoncée par l'Elysée, voilà qui fait chic. Surtout quand l'entreprise en question appartient à Martin Bouygues, ami intime de Sarkozy. Surtout le jour où Nonce Paolini prend les rênes de TF1 à la place de Patrick Le Lay «Parcours d'intégration». Hier, Bouygues n'a pu que confirmer le recrutement dans un communiqué de quatre lignes : «Bouygues précise que Laurent Solly arrive à la holding du groupe Bouygues à compter du 23 mai 2007. Il y effectuera un parcours d'intégration au sein du groupe. En temps voulu, en accord avec Martin Bouygues et Nonce Paolini, il rejoindra TF1, où il deviendra directeur à la direction générale. Ses missions seront définies à ce moment-là.» Ce sera en juin. Peut-être Solly sera-t-il directeur financier, l'actuel, Jean-Pierre Morel, prenant bientôt sa retraite. Un directeur général adjoint de la surpuissante TF1 sans aucune expérience en télévision : Laurent Solly est énarque, fut sous-préfet puis conseiller de Sarkozy à Bercy et à l'Intérieur, plus jeune préfet de France, avant de s'occuper de la campagne du candidat de l'UMP. Son avenir était même tout tracé : directeur de cabinet de Sarkozy à l'Elysée. «Ils sont méga proches , raconte un observateur. Solly va même jusqu'à cloner Sarkozy. Il reprend ses tics de langage, ses mimiques.» Mais voilà, bifurcation de dernière minute : Solly est privé d'Elysée. Pourquoi ? Certains évoquent un veto de Cécilia Sarkozy, d'autres un choix personnel de Solly. Mercredi, la presse le donne à TF1. Le jour même, Bouygues déclare que Solly sera en fait en son sein, «auprès de Martin Bouygues» . C'est qu'entretemps Nonce Paolini a décliné le cadeau empoisonné. Mais entre le chef de TF1 et celui de la France, c'est ce dernier qui a finalement eu le dessus... Pour le PCF, cette nomination montre la mesure d'une «présidence totalement décomplexée, au fort relent berlusconien» . Au sein de la chaîne, un salarié euphémise : «On peut s'étonner qu'au lendemain des élections, on retrouve un politique à un poste aussi important, il y a une concentration des pouvoirs.» Un autre déplore la désinvolture de la manoeuvre : «C'est le yacht à Malte, c'est l'état de grâce médiatique.» Un journaliste, plus accommodant, soupire : «Ça dépend de ce qu'il vient faire. S'il a une responsabilité éditoriale, ça pose un problème ; s'il s'occupe des finances, c'est moins gênant.» Ingérence. En 1974, Giscard avait viré en masse à l'ORTF ; Mitterrand, en 1981, avait licencié une quarantaine de cadres de la télé publique. En plaçant un proche collaborateur carrément dans le peloton des dirigeants de TF1, Sarkozy lance une phase inédite des étroites relations politico-médiatiques : l'ingérence dans la télé privée.

Raphaël GARRIGOS, Isabelle ROBERTS

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